Au milieu des années 1960, Marian Dale Scott amorce un virage esthétique. Ayant fait le tour des possibilités que propose l’expressionnisme abstrait de l’École de New York, mouvement auquel elle adhère depuis la fin des années 1950, elle délaisse les huiles aux pigments francs, les empâtements aux textures prononcées et les formes gestuelles qui caractérisent son œuvre jusque-là pour adopter la peinture acrylique appliquée en fines couches, les aplats aux couleurs vives et les formes géométriques. Les peintures de cette nouvelle période ont certes des points communs avec celles des Plasticiens sur le plan esthétique et conceptuel, mais la fluidité subtile de leur composition leur confère une sensibilité plus vivante et plus organique. En construisant ses peintures sur une grille légèrement déformée et irrégulière, Scott épouse une interprétation esthétique innovante de l’abstraction géométrique, « mais sans la rigidité du “hard-edge” et sans l’illusion rétinienne de l’art optique », précise le critique Robert Ayre (Trépanier, Marian Dale Scott : Pionnière de l’art moderne, Musée du Québec, 2000).