William Blair Bruce

William Blair Bruce n’est pas seulement un pionnier du style impressionniste au Canada : il est aussi un des peintres les plus cosmopolites de sa génération. Né à Hamilton, en Ontario, Bruce reçoit une éducation en art qui le pousse à s’embarquer pour Paris, en 1881, afin de poursuivre de brillantes études. Inscrit à l’Académie Julian, il bénéficie des enseignements des peintres académiques Adolphe-William Bouguereau et Tony Robert-Fleury. Féru de paysage grand format, genre alors prisé dans les salons tant courus, l’artiste en fait son créneau. Pour parfaire sa technique, il fréquente l’École de Barbizon et fraie avec diverses colonies de peintres – auxquelles appartiennent Paul Cézanne, Paul Signac et Claude Monet –, notamment dans le village de Giverny, aux abords de la Seine. « Sous leur influence, Bruce n’emploie plus les formes dans ses peintures comme de simples surfaces; il les transforme plutôt en lumière vibrante imprégnée de mystères à percer et à transposer sur la toile », observe l’historien de l’art A. K. Prakash dans Impressionism in Canada: A Journey of Rediscovery (Stuttgart, Arnoldsche Art Publishers, 2015). Durant ces années, il fait également la rencontre de Carolina Benedicks, sculptrice de renom issue d’une prestigieuse famille suédoise; le couple se marie en décembre 1888.

Au tournant du 20e siècle, les Bruce s’installent dans une demeure du Gotland, en Suède, où le peintre peut admirer « un paysage vaste et serein qui [lui] rappelle la vue du lac Ontario de son enfance à Hamilton », écrit Prakash. Inspiré par ce paysage insulaire, Bruce poursuit une production d’œuvres grand format pour les Salons et expose à plusieurs occasions à Stockholm. Il participe à l’Exposition universelle de Paris en 1900 et à la Pan-American Exposition de Buffalo, aux États-Unis, en 1901. Par la suite, ses œuvres sont montrées à la Royal Academy of Arts de Londres et à la Royal Canadian Academy of Arts de Toronto. En 1906, âgé de 47 ans, l’artiste succombe à une maladie cardiaque. L’année suivante, son épouse organise, à la Galerie Georges Petit, à Paris, une exposition à caractère rétrospectif réunissant pas moins de 122 tableaux.