Au milieu des années 1950, Kazuo Nakamura travaille à la fois sur les paysages abstraits, les peintures des séries Inner Structure et Block Structure ainsi que les peintures monochromes empreintes d’une force tranquille de la série String. Dans chacune de ces séries, l’artiste cherche à exprimer de manière esthétique l’interrelation entre la science et l’art, qu’il aura étudiée toute sa vie. Dans ses mots (Hill et Sakamoto, Kazuo Nakamura : A Human Measure, Toronto, Art Gallery of Ontario, 2004; nous traduisons) : « Il y a une sorte de modèle universel et fondamental dans l’art et la nature. […] En un sens, les scientifiques et les artistes font le même travail. Ce monde de modèles, nous sommes amenés à le découvrir ensemble. » L’oeuvre de Nakamura, qui s’oppose directement à celle de ses contemporains du Groupe des Onze, doit être vue comme une forme de réalisme figuratif porté à son extrême. L’ensemble de sa démarche esthétique et conceptuelle repose sur la conviction que l’art doit progresser de la représentation de la réalité telle que nous la percevons par les sens vers la représentation de ce qui existe dans les nouveaux mondes que nous ouvre la science. « Cézanne décomposait la nature en cônes et en sphères, explique Nakamura. Mais nous vivons à une époque où nous sommes capables de voir une structure – une structure fondée sur la structure et les mouvements des atomes » (ibid.; nous traduisons).
La composition des peintures de la série String varie : les fils sont organisés soit à l’horizontale ou à la verticale sur toute la surface du support, soit dans un agencement de plans horizontaux et verticaux, comme dans Into Horizon (1957). Ce bel exemple des peintures de cette série se caractérise par des nuances subtiles et une composition quelque peu irrégulière qui traduisent à la fois la complexité fascinante des modèles qui constituent l’univers et la simplicité ordonnée avec soin. Pour Dennis Reid, en rétrospective, « il ne fait plus de doute que ses peintures de la série String […] valent plus que tout objet produit dans les années 1950 par ses collègues du Groupe des Onze et qu’elles font partie des oeuvres les plus importantes réalisées par les artistes canadiens de cette époque » (ibid.; nous traduisons). Leur importance tient non seulement à leur puissance esthétique tranquille et à leur intensité quasi palpable, mais aussi à leur contribution à notre compréhension scientifique du monde.