Après une période post-automatiste marquée par une série d’oeuvres gestuelles sur papier à l’encre noire et blanche, Jean Goguen se tourne vers l’abstraction géométrique de 1957 à 1959. Comme l’indique Roald Nasgaard dans le catalogue Les Plasticiens et les années 1950/60, « on observe un resserrement constant de la structure et une régularisation du geste qui culminent dans la monumentale rigueur architecturale de ses derniers dessins de 1959 ». S’ouvre ensuite, dans les années 1960, une période Op Art qui, non seulement tablera sur ces premiers travaux, mais en repoussera les limites. Une série de tableaux disposés en losange ressort de ces explorations plasticiennes, à l’image du présent Sans titre (1968). Ce sont principalement des variations chromatiques autour d’une structure en cercles concentriques dont le point de fuite projette des fuseaux aux couleurs paramétrées, vives et audacieuses. On pense d’emblée au design du cercle chromatique, que l’artiste aurait complexifié et personnalisé de manière à faire place « au lyrisme de la couleur au sein de ses structures géométriques », écrit Denise Leclerc dans sa notice bibliographique.
Jean Goguen, tout comme Denis Juneau, fait partie du second groupe des Plasticiens. Il participe à de nombreuses expositions notables, dont Art abstrait (1959), à l’École des beaux-arts de Montréal, où il étudie de 1945 à 1950, Geometric Abstraction in Canada (Camino Gallery, New York, 1962), Seven Montreal Artists (Hayden Gallery [Massachusetts Institute of Technology], Boston, 1968), et Jean Goguen « mutations abstraites » : OEuvres sur papier 1951-1959 (Maison de la culture Frontenac, Montréal, 1991).