Au milieu des années 1940, Jean-Paul Mousseau travaille principalement sur papier, à la gouache, à l’aquarelle et à l’encre – comme quoi, à cette époque, le coût du matériel représente un enjeu de taille. De sa production de 1947 se dégage une atmosphère d’une étrangeté inquiétante où des paysages mystérieux côtoient une faune et une flore exotiques; l’imaginaire de l’artiste y fourmille librement. Le jeune Mousseau, cadet du groupe des Automatistes, est aussi le plus fervent disciple des mouvements surréaliste et dadaïste, tendance qui est manifeste dans cette poussée. Sans titre (c. 1947) mêle habilement dessin à la plume et retailles de journaux, découpes de photographies et délicats morceaux d’étoffe. Le collage ainsi construit est un savant assemblage de motifs biomorphiques et embryonnaires; on y découvre tantôt un coeur humain, tantôt un récif corallien. La composition témoigne d’une grande virtuosité dans l’exécution. De par l’adroit enchâssement des formes aux tracés fins, Sans titre incarne l’esprit et la maîtrise des collages cubistes.