Cette oeuvre exhibe la richesse des empâtements à la spatule et la palette de couleurs flamboyantes et vibrantes que Marcelle Ferron met au point au tournant des années 1970. Entièrement dévouée à l’art du vitrail depuis 1966, l’artiste fait un bref retour à la peinture en 1973 seulement, année où elle produit des huiles sur toile de formats variés. Elle enchaîne ensuite avec une série d’oeuvres sur papier jusqu’en 1978. Sa fascination pour le verre, son éclat et sa luminosité se traduit dans cette première fournée sur toile par des effets de miroitement et de transparence qui ne sont pas sans rappeler la coloration même des verreries. Un monde végétal semble s’exprimer avec fluidité dans ces petits formats, exécutés en série avec la même puissance que pour les grands travaux. Le présent tableau, réalisé en 1973, incarne l’essence des préoccupations picturales qui marqueront l’oeuvre de Ferron, à savoir le geste, le rythme et la lumière.
Marcelle Ferron occupe une place enviable dans le mouvement des Automatistes, elle qui joint sa voix au manifeste Refus global en 1948. Ce faisant, Ferron entre de plain-pied dans la lignée des femmes peintres qui défient le milieu patriarcal de la peinture, au même titre que Joan Mitchell et Lee Krasner, et s’impose comme une des figures incontournables de la modernité québécoise. En 1961, elle remporte la médaille d’argent à la Biennale de São Paulo. En 1972, elle est reçue membre de l’Académie royale des arts du Canada et en 1983, elle obtient le prestigieux prix Paul-Émile-Borduas. Au cours de sa carrière, l’artiste prendra part à de nombreuses expositions collectives d’envergure au Canada et à l’étranger et le Musée d’art contemporain de Montréal présentera deux rétrospectives de son oeuvre : Marcelle Ferron de 1945 à 1970, en 1970, et Marcelle Ferron, une rétrospective 1945-1997, en 2000.