Peintre, dessinateur et sculpteur, Louis Belzile naît à Rimouski en 1929. Il étudie auprès de Jock Macdonald à l’Ontario College of Art, à Toronto, de 1948 à 1952, puis, l’année suivante, à l’Académie André Lhote, à Paris, et conclut ses études à l’École des beaux-arts de Montréal au début des années 1960. Belzile fait partie du groupe d’avant-garde connu comme les premiers Plasticiens, aux côtés de Jauran (Rodolphe de Repentigny), de Jean- Paul Jérôme et de Fernand Toupin. Le groupe expose ensemble et publie son manifeste en 1955. Ainsi, « les Plasticiens s’attachent avant tout, dans leur travail, aux faits plastiques : ton, texture, formes, lignes, unité finale qu’est le tableau, et les rapports entre ces éléments. Éléments assumés comme fins », peut-on lire dans le document. Qui plus est, cette « nouvelle abstraction géométrique fondée sur le cubisme marque le désaccord initial avec la spontanéité picturale de l’automatisme », écrit Roald Nasgaard.
Dans le présent tableau, Belzile manie avec finesse et assurance la grille cubiste, divisée, facettée et ordonnancée selon une architecture précise, mais subtilement asymétrique, afin de créer un effet de push and pull dans l’espace optique. Les contours, qui y sont résolument plus assumés, tendent à se raffermir progressivement depuis 1955. Les gris colorés et les tons rompus organisent l’espace pictural, qui réfracte la lumière et multiplie les rayons dont la source demeure secrète, tout comme ses ombres anguleuses, labyrinthiques. « Au milieu des années 1950, Belzile est, parmi les premiers Plasticiens, celui dont les oeuvres sont les plus illusionnistes, écrit Nasgaard. […] Il empâte toujours les surfaces et travaille beaucoup les textures au couteau à palette, des traits stylistiques qu’il n’abandonne pas même quand il aplanit ses compositions et affûte ses contours. Lorsqu’il resserre sa géométrie à la fin des années 1950 [comme dans la présente huile sur panneau], ses images fonctionnent souvent comme des signes, des diagrammes ou des structures architecturales. »
Dernier survivant des Plasticiens, Louis Belzile, âgé de 89 ans, s’est éteint le 12 février 2019, marquant la fin d’un chapitre de l’histoire de l’art au Québec.