Dans la lignée chromatique de Vol nuptial (1966), qui appartient à la collection du Musée d’art contemporain de Montréal, le tableau intitulé Lux, peint en 1967, se distingue superbement des réalisations de cette période tant par la force dénouée de sa composition que par l’utilisation spectaculaire des matières et des empâtements. Éclaboussures, glacis, estampage, grattage et frottage participent aux multiples approches picturales de cette oeuvre dramatique, dont l’évolution plastique puise librement dans les niches surréalistes et automatistes, ainsi que dans l’intarissable imaginaire du peintre : « Des tableaux comme Lux ou Pour L., écrit Guy Robert, nous présentent des “lieux” issus directement de l’imaginaire du peintre Bellefleur, ses lieux picturaux personnels, intérieurs, […] cet “espace du dedans” dont Henri Michaux connaissait trop bien les replis et vertiges. »
Lux porte les signes précurseurs de la série Volets du Temps (1977‑1978) – de par sa construction aux accents orthogonaux – et de la série Des Rêves et du Hasard (1987‑1988) – grâce aux sujets résolument plus centralisés. Cette oeuvre accompagne la rétrospective organisée par le Musée des beaux‑arts du Canada en 1968, une exposition qui relance et consacre la carrière du peintre. Rappelons que Bellefleur avait adhéré à Prisme d’yeux, en 1948, manifeste dirigé par Alfred Pellan, et deviendra le premier récipiendaire du prix Paul‑Émile‑Borduas, en 1977.
(A. L.)