Francine Simonin connaît une vaste et prolifique carrière internationale depuis plus de cinquante ans. Passant d’un corpus à l’autre avec cohérence, fraîcheur et audace, l’artiste développe son oeuvre en séries, au moyen d’un langage plastique qui ne cesse de se réinventer. Suite de modèles – Catherine s’insère dans une vaste production dessinée au milieu des années 1980 avec, notamment, Films d’intérieur (1985), Le peintre et son modèle, Le buto et Les chaises (1986). Suite de modèles apparaît en 1985, intégrant au passage des motifs de l’atelier – une chaise, une fenêtre, une porte – pour situer, en quelques coups de craie, d’encre et de pastel, le modèle en mouvement. Ici, le sujet pose avec amplitude, la peau orangée sur un divan vermillon, contraste qui obéit à l’esprit fauviste de Simonin. Les bras repliés de Catherine sont ramenés derrière sa nuque, tête ballante. Quelques traits à l’arrière- plan suggèrent l’espace de l’atelier dans lequel les modèles déambulent, à la recherche d’une lumière ou d’une pose que l’artiste saisit au vol dans des gestes précis, exaltés, implacables. Chez Simonin, l’expression artistique passe à coup sûr par un corps-à-corps avec le monde et la matière ; son art est la résultante d’une charge physique tout entière.
Née à Lausanne, en Suisse, en 1936, Francine Simonin passe son enfance et ses vacances d’été à Champex, dans le canton du Valais. Elle obtient son diplôme de l’École cantonale des beaux-arts de Lausanne en 1958 et reçoit la bourse fédérale des beaux-arts en 1963. Simonin vit et travaille à Montréal depuis 1968, année où elle reçoit une bourse du Conseil des arts du Canada. Elle enseigne les arts plastiques à l’Université du Québec à Trois-Rivières de 1970 à 1994. Au fil de sa fructueuse carrière, Simonin présente plus de deux cents expositions individuelles, principalement en Suisse, au Canada, en France, aux ÉtatsUnis et en Espagne. Le Musée d’art contemporain de Montréal lui consacre une exposition individuelle en 1975. Elle expose, en 1989, au Musée cantonal des beaux-arts de Sion, à l’Église des jésuites. En 1992, le Musée Jenisch de Vevey lui organise une importante rétrospective. Elle remporte de nombreux prix et distinctions, notamment le Prix de la première Biennale suisse de gravure à Genève (1968), le Prix Loto-Québec à Montréal (1981), le Prix Irène-Reymond pour l’ensemble de son oeuvre à Lausanne (1986), le Grand Prix de la Fondation Vaudoise pour la promotion et la création artistique (1990), le Prix de l’estampe à la Biennale du dessin, de l’estampe et du papier à Alma (1993), ainsi que le premier prix de la 16e Internationale de l’estampe miniature de Cadaques en Espagne (1996). En 2004, le Musée national des beaux-arts du Québec lui remet le prix de la Fondation Monique et Robert Parizeau, pour l’ensemble de son oeuvre gravée. En 2011, la Fondation Pierre Gianadda à Martigny (Suisse) lui consacre une rétrospective accompagnée d’une monographie. Elle expose régulièrement au Canada à la Galerie Lacerte art contemporain, à Québec et à Montréal, en Suisse et à l’étranger, en particulier à la Galerie Numaga à Auvernier, à la Galerie Nane Cailler à Lausanne et à la Galerie Ligne Treize à Genève. Elle réside et travaille actuellement à Montréal et à Evian.
(A.L.)