Ron Martin est originaire de London, en Ontario, et c’est sous l’influence de son compatriote Greg Curnoe qu’il trouve sa voix comme artiste. En dépit de ceux qui, à la fin des années 1960, proclament que « la peinture est morte », Martin s’établit comme un des artistes les plus dynamiques de la décennie suivante. Contrairement aux peintres abstraits de Toronto, il est tenant d’une autorité de l’artiste sur le spectateur et réoriente l’agentivité de l’artiste en réalisant « des peintures qui portent avant tout sur l’expérience de celui qui regarde » [nous traduisons]. Sa façon de faire dévier l’abstraction du côté de l’art conceptuel en s’imposant des contraintes lui mérite sans doute une place dans l’histoire mondiale de l’art abstrait.
À propos de son travail, Martin dira : « Le matériau en soi acquiert un caractère indépendamment de ce que j’ai pu faire. Il varie, se transforme […] autant pendant le séchage que pendant l’application » [nous traduisons]. Il en conclura que « la peinture en soi est réalité – pas juste un véhicule pour l’imiter » [nous traduisons]. À la fin des années 1980, Martin réalise certaines de ses peintures matérialistes à contraintes les plus densément incrustées. Dans le tableau A Reductive Aid, il applique les principes de base qui caractérisent sa pratique, à savoir les surfaces fortement texturées, les coulis et les formes en fusion qui semblent presque continuer d’évoluer sous les yeux du spectateur.