À l’automne 1957, William Paterson Ewen se joint à la vingtaine d’artistes qui exposent à la Galerie Denyse Delrue, une des rares galeries montréalaises à se vouer entièrement à l’art non figuratif. Il y exposera d’ailleurs pratiquement chaque année de 1958 à 1963. C’est aussi en 1957 que Paterson Ewen remporte le Prix des Laurentides dans le cadre du Concours artistique de la province de Québec. Ne manifestant aucun parti pris et ne se réclamant d’aucun courant artistique précis, Ewen s’en remet aux notions de lyrisme, à l’oeuvre intimiste à petite échelle, comme dans Kaleidoscope (1957), qui est configurée à la manière de cadastres aperçus à vol d’oiseau.
« Dans les cercles de peintres abstraits de la Montréal de la fin des années 1950, Ewen n’était pas tant tardif (comme dans en retard) que partagé (comme dans sans affiliation), ni tant un suiveur qu’un éclaireur, écrit Matthew Teitelbaum. Quand ses collègues l’appelaient “le prospecteur,” c’était sans doute parce que, contrairement aux artistes qui incarnent l’énergie en tant que communauté, il semblait toujours chercher à trouver, à saisir, à maîtriser une façon de déceler le sujet secret à l’intérieur. » [Nous traduisons.] Paterson Ewen trouve davantage d’affinités avec les oeuvres d’Ulysse Comtois, de Rita Letendre et de Marcelle Maltais, parmi les peintres montréalais, et celles d’Adolph Gottlieb, de Bradley Walker Tomlin et de John Ferren, parmi les artistes new-yorkais qu’il admire.