Denis Pellerin figure au nombre des artistes collagistes qui ont maintenu une pratique du collage tout au long de leur carrière et qui en ont fait leur cheval de bataille. Les techniques mixtes sont littéralement une façon de penser chez cet artiste surdoué qui manipule et transforme une variété de matières – ficelle, toile, papier, bouchon, tige – avec la même aisance pour obtenir des compositions riches et complexes. Des séries Icônes païennes (1991-1995) à Chant brut (2006) en passant par les Constructions épidermiques (2004-2005), Pellerin délaisse progressivement la figuration pour donner corps et voix à la matière seule, par accumulation de bandes verticales. Passage, exécuté en 1997, contient encore quelques traces des éléments figuratifs qu’on retrouve dans ses oeuvres du début des années 1990, empruntant ici et là à leur iconographie les silhouettes, les formes tégumentaires, les lettrages, les lavis, les bandes et le découpage en cadastre, notamment dans les séries Faux plans pour une vraie sculpture (1990), Rêve érotique de Lemberk (1990), Courtepointe (1991-1992), Icônes païennes et plus particulièrement dans la production de 1993. Passage se présente comme un tableau synthèse dans la carrière de Pellerin, qui lègue ici les traces, les signes et les symboles de son propre passage en tant qu’artiste.