En février 1955, Jean-Paul Jérôme se joint à Jauran, Louis Belzile et FernandToupin et cosigne le Manifeste des Plasticiens. De 1956 à 1958, il séjourne à Paris. De retour au Canada, il s’installe à Montréal ou il continue de peindre de façon ininterrompue jusqu’à sa mort en 2004.
À une question sur l’évolution de sa carrière, il répond : « à partir de Varennes (en 1989) où ma peinture a éclaté avec les contrastes de couleurs, j’ai trouvé ce que j’aimais en peinture… Avant je faisais des recherches pour être capable de m’enrichir de toutes sortes d’expériences. Avant je cherchais ma vocation… »1 Varennes représente le premier de deux ateliers où il s’est retiré en 1989 pour une période de cinq ans. Dès cette époque, il parvient à trouver sa véritable voie ; période qui ouvre vraisemblablement sur la pleine maturité et l’aboutissement de son œuvre.
Autant Jérôme est influencé par les divers courants artistiques du début du vingtième siècle tels que le cubisme, le futurisme, l’abstraction géométrique et l’avant-garde russe, autant son passage à Paris aura un impact majeur sur son œuvre. À cette époque, il fréquente les artistes de la galerie DeniseRené, considérée comme la galerie phare de l’avant-garde en Europe. Ces artistes — principalement RichardMortensen et AugusteHerbin — joueront un rôle déterminant tout au long de la carrière du peintre.
Bien qu’elles soient pratiquement inconnues du grand public, les œuvres issues de cette poussée montrent toute la maîtrise du peintre durant cette période qui donne naissance à une production éminemment personnelle basée sur l’introduction d’aplats de couleurs contrastées et habilement structurées. Sans titre (1995), acrylique peint sur un support découpé, se voit libéré, pour ainsi dire, de toute contrainte plastique. Les quatre échancrures exacerbent par ailleurs ce sentiment d’affranchissement, tandis que la planéité de la surface persiste. Il en ira tout autrement au cours des années suivantes, avec la construction des tableaux-reliefs.
Jérôme mérite à juste titre d’être reconnu comme l’un des principaux représentants contemporains de l’abstraction construite.