Sans titre (1955) s’inscrit dans la lignée automatiste de plusieurs petites huiles peintes durant la même période, réalisées en une seule séance à l’aide d’une spatule. Ce corpus vibrant, à dominante rouge, jaune, verte et noire, est constitué des premiers travaux de Guido Molinari avant sa période tachiste et hard-edge. Sans titre pose les prémisses des changements qui auront cours sur toile et qui conduiront aux tableaux à bandes verticales des années 1960. « La véritable rupture a commencé à se produire sur papier, en 1955, écrit Roald Nasgaard. En suivant la séquence des petits dessins en noir et blanc jusqu’aux dessins de plus grand format de 1956, on remarque comment, alors qu’ils étaient intuitifs et organiques, encore tachistes, ils deviennent de plus en plus structurés, jusqu’à se résoudre en une géométrie brusque, aux contours flous. »
Guido Molinari naît à Montréal en 1933. Il étudie en cours du soir à l’École d’art et de design du Musée des beaux-arts de Montréal, notamment auprès de Marian Scott. Molinari se forme ensuite au dessin et à la peinture en autodidacte et présente une première exposition personnelle à L’Échourie, en 1954. L’année suivante, il participe à l’exposition collective Espace 55 au Musée des beaux-arts de Montréal, ainsi qu’à Art abstrait, en 1959, au même endroit. En plus d’exposer à plusieurs reprises à l’East Hampton Gallery dans les années 1960, Molinari prend part, en 1965, à la mythique exposition The Responsive Eye au Museum of Modern Art, à New York, juste avant de représenter le Canada à la 34e Biennale de Venise, en 1968, où il remporte le Prix Fondation David E. Bright. En 1969, il devient membre de l’Académie royale des arts du Canada et en 1971, il est fait officier de l’Ordre du Canada. En 1973, il reçoit le prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton et, trois ans plus tard, le Musée de beaux-arts du Canada lui consacre une première rétrospective. En 1980, il devient le plus jeune lauréat du prix Paul-Émile-Borduas. Le Musée d’art contemporain de Montréal lui consacre enfin une ultime rétrospective, en 1995. Molinari occupera deux postes d’enseignement au cours de sa carrière : à l’École d’art et de design, brièvement (1964-1965), ainsi qu’à l’Université Concordia (1970-1997). Le peintre, dessinateur, sérigraphe, sculpteur, théoricien de l’art et poète s’éteint en 2004, dans sa ville natale.