Au cours de l’été de 1951, fraîchement diplômé de l’École d’art de l’Ontario, William Ronald débarque dans une New York où règnent la politique de la guerre froide et l’esthétique dissidente de l’après-guerre. À cette époque, les abstraits états-uniens, qui ont vu les travaux de leurs mentors servir à la propagande d’État et d’entreprise, cherchent à peindre des tableaux que nul ne pourrait s’approprier. Avec son audace et son penchant pour l’expérimentation, Ronald se sent tout de suite à sa place dans ce milieu.
Le tableau Sans titre (1952), avec ses tons ocre, évoque la lumière automnale et fait possiblement allusion aux trajets de Ronald entre Toronto et New York. C’est un bon exemple des diverses influences de l’artiste, rappelant tantôt le cubisme synthétique par ses formes angulaires et sa palette sourde, tantôt un clin d’oeil aux expressionnistes abstraits Barnett Newman et Clyfford Still par son orientation verticale.
À son retour au Canada à l’automne de 1951, Ronald constate que ses expérimentations abstraites trouvent un écho au sein d’une cellule d’artistes dynamiques qui formeront plus tard le Groupe des Onze. En 1952, Ronald expose aux côtés de Jack Bush, de Jock Macdonald et d’autres artistes dans le cadre de la Canadian Abstract Exhibition, à Toronto. Toutefois, le public canadien n’est pas prêt pour son style d’abstraction. Peu de temps après, Ronald retourne à New York se plonger dans le monde de l’expressionnisme abstrait.