Le motif du hibou apparaît dès 1963 chez Riopelle dans un grand polyptyque peint à l’huile, intitulé Point de rencontre. Dans cette oeuvre, commandée par le gouvernement canadien pour l’aéroport international Lester B. Pearson de Toronto, niche un majestueux hibou posé sur une vaste plateforme colorée, comme paré pour l’envol contre un décor immaculé. Dès 1966, des éléments figuratifs refont surface dans l’oeuvre de Riopelle, et l’année 1968 est marquée par la production de son bestiaire, une suite de vingt-trois eaux-fortes dont fait partie Oiseau de nuit. En 1969 et 1970, le hibou devient le sujet de prédilection de l’artiste, qui le décline en peintures, lithographies et sculptures. Comme l’écrit Robert Bernier dans Jean Paul Riopelle, des visions d’Amérique : « Le choix du hibou comme thématique principale n’est certes pas dû au hasard. Le hibou symbolise l’esprit supérieur de la forêt, le maître, celui qui détient le pouvoir. »
Hibou-Carnaval, créé en 1973, représente un hibou aux ailes déployées dont deux hautes plumes s’élèvent en ailerons. La queue en roue imite la pavane du paon, donnant à l’oiseau un air à la fois de fête et de conquête.