Petit tableau redoutable, qui a toute la majesté d’une oeuvre de grand format, Icône no 4 s’inscrit dans une année de transition importante chez l’artiste Jean McEwen. En effet, on discerne en 1963 « un passage graduel d’une structure verticale dominante à une structure cruciforme », en même temps qu’« un registre de couleurs plus sombres », constate Constance Naubert- Riser. Cette avancée annonce la célèbre série intitulée Le drapeau inconnu qui reprend, sous forme de variations de plans et de couleurs, une composition similaire. Les teintes luxuriantes dans Icône no 4 appartiennent aux couleurs tertiaires qui se déclinent en carmin, laque de garance, vermillon, ocre, vert chartreuse et kaki. Plus difficiles à détecter sont les bleus indigo et phtalo, enfouis sous une couche d’écume écrue aux quatre coins du tableau, ajoutant à l’aura de mystère qui émane de l’oeuvre. Des terres de Sienne et d’ombre brûlée forment des puits de couleurs d’une profondeur inouïe, entraînant le regard dans une poésie antique digne de la route des épices. Corollairement, la facture du tableau emprunte au bois pétrifié ses dessins minéraux et fossilisés, lesquels méritent à eux seuls un long coup d’oeil pour en apprécier l’inépuisable beauté. (A. L.)