Il ne fait aucun doute qu’Ewen, quand il a vu la rétrospective consacrée à Borduas au Musée des beaux-arts de Montréal en janvier 1962, a été impressionné par le travail de cet artiste, tout particulièrement par ses peintures en noir et blanc et ses tableaux monochromes. Curieusement, en 1961, il avait lui-même exécuté deux séries de toiles (Black-out et Alerts) dans un style très semblable à celui des oeuvres en une seule couleur réalisées en 1960 par le célèbre Automatiste. Ewen puisait son inspiration dans le ciel nocturne et les étoiles scintillantes. Il a peint d’autres toiles monochromes, fortement influencées par l’automatisme, en 1962 et 1963. Réalisées au couteau et à la truelle, ces oeuvres présentent des surfaces à la fois dynamiques et très texturées. En 1963 et 1964, il a participé à trois expositions collectives organisées par Aubert Brillant, propriétaire et directeur de la Galerie du Siècle à Montréal, dont deux ont eu lieu dans la métropole québécoise tandis que la troisième a été présentée à Oklahoma. C’est à l’occasion de l’un de ces événements qu’Untitled a été exposée pour la première fois.
Untitled demeure un exemple remarquable des peintures issues de cette période exceptionnelle pendant laquelle ont été produites les oeuvres les plus accomplies des fameuses « années montréalaises » (Montreal Years). La référence à l’espace et au cosmos qu’on y observe clairement deviendra un thème récurrent dans les tableaux d’Ewen, tout au long de sa carrière.
William Paterson Ewen est né à Montréal en 1925. En 1949, il a épousé Françoise Sullivan, artiste multidisciplinaire et signataire, un an plus tôt, du Refus global. Il s’est lié d’amitié avec certains peintres automatistes, nommément Riopelle, Borduas, Barbeau et Mousseau. Il s’est installé à London, en Ontario, en 1968, où il a vécu et travaillé jusqu’à sa mort en 2002.