Toutes deux créées durant le cycle des Rosaces (2000) de l’artiste visuel et auteur Marc Séguin, Ombre à la rosace fait contrepoint à La coloration du vide. Dans cette dernière, l’artiste se dépeint en tons de gris sur fond noir, un bras tendu, l’autre fléchi; son doigt pointe la tempe, d’où sort un large faisceau de matière rouge et bleue. Au loin, on aperçoit de petites touches de blanc; la lumière quadrillée d’une rosace, motif que l’on retrouve tatoué sur la poitrine de la silhouette. Ce tableau est réinterprété, en quelque sorte, dans Ombre à la rosace : un spectre aux yeux ardents, bras fléchi, doigt à la tempe, glisse devant une grande rosace dont les lumières rouges, bleues et blanches illuminent l’ombrage de l’intérieur. La partie inférieure de la silhouette se prolonge ton sur ton dans le fond noir pur; l’empâtement, ou la matière en relief, ajoute une seconde couche de lecture à ce superbe tableau. Ici, le profane et le sacré se rencontrent, provoquent et transcendent, selon les mots de France Gascon : « Séguin accorde aussi une place prépondérante aux symboles tirés de l’histoire de l’art et de la peinture. La rosace en était un, très puissant. […] Il est intéressant de noter que la frontière est toujours mince, chez Séguin, entre les formes d’art plus sophistiquées et d’autres plus brutes : ainsi rosaces, coups de pinceau, giclures et dégoulinures se côtoient, le Moyen Âge et l’expressionnisme abstrait se rejoignent ainsi, curieusement convoqués qu’ils sont pour le même type de rôle et dans une proximité qui ne manque pas de surprendre. »