Exécutée dans la mouvance de l’expressionnisme abstrait, Relief d’hiver (1963) se distingue par sa palette réduite, typique de certains acryliques et techniques mixtes sur papier issus de cette période. Ici, deux couleurs complémentaires, vert et violet bleuté, font contrepoint au noir et au blanc, annonçant les combinaisons vitaminées qui domineront pendant une décennie. On remarque, dans Relief d’hiver, un trait ample et énergique zigzaguant dans l’espace pictural, lequel est configuré en masses triangulaires et polygonales. On retrouve ce même traitement dans Agonie et Perpétuel isolement, deux tableaux de 1964 composés, eux aussi, de larges coups de pinceau chargés de matière diluée, parfois ourlée de coulures, qui se juxtaposent et se superposent sans repentirs ni temps mort sur la toile.
Jacques Hurtubise naît à Montréal en 1939. Il étudie le dessin, la sculpture et la gravure à l’École des beaux-arts de Montréal de 1956 à 1960. Il y fait la connaissance des artistes Albert Dumouchel et Alfred Pellan, dont les enseignements seront d’emblée palpables dans son travail. Après l’obtention de la bourse Max-Beckmann en 1960, Hurtubise part étudier un an à New York, où il trouve de nouvelles sources d’inspiration, notamment dans les oeuvres de Kasimir Malevitch, de Jackson Pollock et de Willem de Kooning; le mélange de formalisme et de gestualité demeurera omniprésent dans son oeuvre peinte et gravée. En plus de l’expressionnisme abstrait américain, Hurtubise s’intéresse à l’esthétique des Plasticiens de Montréal au milieu des années 1960. C’est au début des années 1970 que l’artiste a droit à une première exposition itinérante avec catalogue, au Musée du Québec (1972) et au Musée d’art contemporain de Montréal (1973). Il remporte le prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton en 1992 et le prix Paul-Émile-Borduas en 2000.