L’artiste sino-français Chu Teh-Chun naît en 1920 dans le xian de Xiao, province de l’Anhui, en Chine, où il grandit sous l’influence artistique de son grand-père, collectionneur d’art et de poésie, qui lui transmet sa passion. Le jeune Chu expérimente les techniques ancestrales de la calligraphie chinoise et de la peinture à l’encre, qui lui seront enseignées, quelques années plus tard, par l’artiste moderne Pan Tianshou. En 1935, Chu poursuit son éducation à l’École des beaux-arts de Hangzhou (aujourd’hui l’Académie des arts de Chine), où il fait la connaissance des artistes Wu Guanzhong et Zao Wou-Ki. Il s’installe à Paris avec son épouse, Chu Ching-Chao, en 1955, époque d’effervescence artistique.
Mariant les courants artistiques occidentaux et l’art traditionnel chinois, Chu réalise des paysages abstraits empreints de poésie. L’abstraction lyrique, assimilée aux techniques de la calligraphie chinoise, lui permet de se démarquer de ses contemporains. En 1997, il est fait membre de l’Institut de France (Académie des beaux-arts) et devient ainsi le premier artiste chinois à se joindre à la prestigieuse institution. En 2001, il est fait Chevalier de l’ordre des Palmes académiques ainsi que Chevalier de la Légion d’honneur. En 2010, alors âgé de 90 ans, il se voit consacrer une rétrospective par le Musée national de Chine, à Beijing. Chu Teh-Chun meurt à Paris en 2014. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Sans titre (1988) témoigne de toute la maîtrise, la sensibilité et la dextérité de l’artiste. Maniant le pinceau avec précision, celui-ci parachève sa composition en quelques gestes précis et définitifs qui évoquent l’énergie de la calligraphie et de la peinture traditionnelle chinoises à l’encre. De fines touches de couleur menthe, crème et rouille crépitent au centre du tableau comme des feux de Bengale, réchauffant ainsi toute la composition. Éclairé de l’intérieur par une lumière blanche et crème, le tableau fait alterner les empâtements et les lavis verts et bleutés, qui produisent au passage des effets d’estompage à la fois très doux et saisissants. Cette oeuvre délicate et puissante exsude tous les acquis traditionnels et modernes.
L’authenticité de cette oeuvre a été confirmée par la Fondation Chu Teh-Chun, à Genève, en Suisse.