Au début des années 1970, les tableaux hard-edge cunéiformes ou à faisceaux de Rita Letendre font d’ores et déjà la marque de l’artiste, qui mettra au point une innovante technique de peinture à l’aérographe. Sun Song, Tel-Aviv, exécutée en 1969 lors d’un séjour en Israël, témoigne d’une clairvoyance et d’une dextérité frontales, audacieuses et sensibles. Letendre fait appel à la même émotion que dans les pièces des années 1960, qu’elle réinterprète ici dans un espace linéaire et géométrique. Le point de fuite s’assoit littéralement sur le bord inférieur de la toile, suggérant une certaine prégnance, voire un basculement fécond dans un monde parallèle. À cette époque, Letendre, dans ses propres mots, fait jaillir « beaucoup de lignes à la base de la flèche pour créer un effet de vibration qui puisse résonner dans l’espace, l’espace infini ».
Pendant de l’acrylique sur toile Sun Song (1969, Musée national des beaux-arts du Québec) aux dimensions spectaculaires (217,5 cm sur 369,2 cm), ce grand format ajoute certes du coffre et de la prestance au présent tableau, de dimensions plus modestes. Ces oeuvres jumelles, tant par leur composition que leur palette, possèdent une qualité lumineuse crépusculaire équivalente, faite de rayons spectraux jaunes et orangés, bruns et noirs. Sun Song, en grand format, a figuré dans l’exposition Rita Letendre : Aux couleurs du jour au Musée national des beaux-arts du Québec, en 2003.