Je veux ouvrir une brèche de lumière avant qu’elle ne s’échappe, là-haut.
– Rita Letendre*
Au début des années 1970, les tableaux hard-edge cunéiformes ou à faisceaux de Rita Letendre font d’ores et déjà la marque de l’artiste, qui mettra au point une innovante technique de peinture à l’aérographe. Daté de 1970, Reflections témoigne d’une clairvoyance et d’une dextérité frontales, audacieuses et sensibles, Letendre faisant appel à la même émotion que dans les pièces des années 1960, qu’elle réinterprète ici dans un espace linéaire et géométrique. Le point de fuite s’assoit littéralement sur le bord inférieur du cadre, suggérant une certaine prégnance, voire un basculement fécond dans un monde parallèle. Pendant de l’acrylique sur toile Midnight Light (1970, Musée national des beaux-arts du Québec), Reflections invite le regard à balayer toute l’aire picturale et à se projeter au-delà de la surface grâce à la multiplication des rayons ascendants, qui imitent un éventail ou la queue d’un paon dont les plumes seraient déployées en quart de roue. À cette époque, Letendre, dans ses propres mots, fait jaillir « beaucoup de lignes à la base de la flèche pour créer un effet de vibration qui puisse résonner dans l’espace, l’espace infini » (Nanibush et Uhlyarik [dir.], Rita Letendre : Fire & Light, Art Gallery of Ontario, 2017 ; nous traduisons*).