Pierre Gauvreau se réinvente constamment au cours de sa carrière, devenant tout à tour auteur, scénariste, réalisateur de télévision et producteur de cinéma. Invités à exposer avec la Société d’art contemporain en 1943, Gauvreau et d’autres artistes issus de ce cercle avant-gardiste donneront naissance au groupe des Automatistes, qui publie le Refus global en 1948. Vers le milieu des années 1950, Gauvreau se libère progressivement des influences du groupe pour explorer une imagerie plus libre et gestuelle. Il arrête de peindre au début des années 1960 pour ne recommencer qu’en 1977, œuvrant durant cette période dans le nouveau média qu’est alors la télévision. Crépusculaire, datée de 1962, se trouve ainsi au seuil de cette longue pause qui marque une transition dans l’œuvre de l’artiste. La composition s’impose par l’assurance des gestes à la fois farouches et précis qui la peuplent. Les ocres lumineux donnent la réplique aux somptueuses tonalités de terre de Sienne et d’ombre brûlée, tandis que des silhouettes noir de jais semblent danser dans cette lumière de fin de jour. Le mystère de ce tableau se joue entre la résistance et l’abandon, la puissance et les appels d’air, où tous les registres de la peinture sont explorés.