Tableau exemplaire de Jean McEwen, Midi, temps jaune, daté de 1960, séduit d’entrée de jeu par sa palette ensoleillée et sa composition hautement texturée. L’œuvre cousine intitulée Les amours jaunes (1960) habille la couverture du catalogue publié par le Musée des beaux-arts de Montréal, qui consacrait une exposition rétrospective au peintre en 1988. Ce choix de jaquette montre toute l’importance accordée à cette année charnière dans le corpus de l’artiste.
Midi, temps jaune est divisé en deux champs colorés et asymétriques par une ligne transversale en réserve. Ce découpage nous guide dans les coulisses de la toile, dont les quatre marges dégagées permettent d’apprécier les multiples couches picturales en arrière-plan. « Pour McEwen, écrit Constance Naubert-Riser, la couleur doit tenir sa profondeur d’une continuelle permutation entre des couches tour à tour opaques et transparentes. Donc par stratification des couches plutôt que par une opticalité de surface. » En effet, on y décèle des coups de brosse et des lavis saturés de pigments allant du violet de Parme au vert émeraude en passant par le carmin et la terre de Sienne. Au premier plan, à l’extrême gauche de la toile, une masse ivoire perce à travers des empâtements jaune de cadmium, ce qui crée une sensation d’éblouissement, une pulsation de lumière, quand le soleil est à son zénith et que les rayons frappent au plus fort. Ainsi, une sorte de chaleur caniculaire se dégage des jaunes orangés, safranés et citronnés, comme des rideaux de lumière au maximum de leur clarté.
(A. Lafleur)