Tout comme son acolyte Adrien Hébert, peintre passionné par la vie urbaine et portuaire, Marc-Aurèle Fortin peint le panorama de Montréal et le quartier Hochelaga, qu’il aperçoit au loin « depuis la rive nord du Saint- Laurent, de l’autre côté du fleuve, et [dont] il s’efforce [d’]embrasser d’un seul coup toute la complexité, tout en dégageant le maximum de beauté » (De Roussan,, M. A. Fortin, Marcel Broquet, 1982). Fortin travaille régulièrement sur le motif ; il exécute entre autres des vues du haut du mont Royal, de l’île Sainte-Hélène et des scènes portuaires, telle que Coin du port de Montréal, aquarelle éponge peinte vers 1925. L’aquarelle éponge se caractérise par des trouées dans les surfaces peintes qui sont attribuables à la façon dont le papier sèche.
Aquarelliste doué et voyageur infatigable, Fortin parcourt sa région à bicyclette, boîte de couleurs et rouleau de papier comme seuls bagages, en quête des plus beaux points de vue. À cette époque, le jeune homme dans la trentaine fréquente notamment le peintre Clarence Gagnon et le poète Albert Ferland, lesquels souhaitent valoriser le terroir québécois en plaçant les paysages pittoresques de toutes les régions au coeur de leur oeuvre. Ce sont bien les arbres, présence enveloppante et majestueuse qui berce cette aquarelle, que Fortin affectionne par-dessus tout.