L’année 1957 marque un tournant important dans la démarche esthétique de Léon Bellefleur, notamment par le recours à la spatule, qui engendre des compositions plus anguleuses et plus orthogonales, des glissades de couleurs, des grattages à la pointe de l’outil ainsi que des effets de facettes et de vaguelettes. Ces manipulations renouvellent la syntaxe picturale de Bellefleur, désormais investie d’une écriture saccadée, incisive et illuminée de toutes parts. À cet effet, l’arrivée des blancs permet de jeter un éclairage adouci sur l’ensemble des motifs tout en nuançant subtilement la palette, qui s’enrichit et prend de l’expansion. Lentement, mais sûrement, le peintre « rompt avec le monde nocturne » au profit d’un univers florissant, bourgeonnant, comme une soudaine montée de la sève : « Trois oeuvres de 1957, Cimes, Capricorne et Sycomore [reproduites aux pages 82 et 83 de la monographie Bellefleur ou la ferveur à l’oeuvre] illustrent ici la portée de ce changement dans les nouveaux tableaux de Bellefleur, d’une composition plus nerveuse, d’un éclat plus vif, d’un rythme plus saccadé », écrit Guy Robert.