Fidèle à ses compositions centrales, hautement rythmées et exaltantes, le peintre septuagénaire signe ici une huile abondamment colorée et texturée où les éclaboussures, coups de spatule, grattages et fondus sont guidés par la vision d’une fête intérieure qui bat son plein.
En 1948, Léon Bellefleur signe le manifeste Prisme d’yeux, ajoutant sa voix à celle d’un groupe d’artistes québécois dont le peintre Alfred Pellan est la figure de proue. Publié quelques mois avant le Refus Global, le texte met de l’avant l’affirmation d’un art indépendant et ouvert sur les esthétiques les plus variées, où la liberté d’expression a préséance sur les doctrines radicales. L’oeuvre de Bellefleur est révélée deux ans plus tard lors d’une exposition conjointe avec le peintre Fritz Brandtner au Musée des beaux-arts de Montréal, à l’occasion de laquelle une trentaine de tableaux dévoilent « l’inspiration d’un courant surréaliste personnalisé qui traduit l’envers tumultueux des rêves et de l’imaginaire nocturne en formes pulsives et improvisées », écrit Guy Robert. Libéré de ses charges d’instituteur en 1954, Bellefleur entreprend un voyage en France et se dévoue entièrement à son art. La reconnaissance officielle de l’artiste vient en 1968, quand le Musée des beaux-arts du Canada (autrefois nommé la Galerie nationale du Canada) organise une rétrospective, qui partira en tournée dans trois musées. En 1977, Léon Bellefleur est le premier lauréat du prix Paul-Émile-Borduas.