Après avoir obtenu la bourse Max-Beckmann en 1960, Jacques Hurtubise part étudier un an à New York, où il trouve de nouvelles sources d’inspiration, notamment dans les oeuvres de Malevitch, Pollock et De Kooning – des oeuvres où se mêlent un formalisme et une gestualité qui, par la suite, seront omniprésents dans l’oeuvre de l’artiste. Exécutée dans la mouvance de l’expressionnisme abstrait, Paparmane se distingue par sa palette audacieuse, précurseur des couleurs vitaminées qui domineront pendant dix ans, et par la répétition systématique d’un motif qui mènera à une période plasticienne, au milieu des années 1960. L’espace pictural est ici sectionné par des masses colorées qui se juxtaposent et se superposent, soulignées par des traits au fusain. Des zigzags et des ondulations font migrer la composition vers un mouvement diagonal, lequel se retrouvera au premier plan des peintures modulaires, en 1977. Le titre de l’oeuvre, un emprunt à l’anglais peppermint (pastille à la menthe poivrée), imite candidement les couleurs pastel de la friandise – rose, vert, bleu, jaune et blanc –, des couleurs « à la limite du visible », écrit François‑Marc Gagnon, que le peintre affectionne particulièrement.
Jacques Hurtubise naît à Montréal en 1939. Il étudie le dessin, la sculpture et la gravure à l’École des beaux-arts de Montréal de 1956 à 1960. Il y fait la connaissance des artistes Albert Dumouchel et Alfred Pellan, dont les enseignements seront d’emblée palpables dans son travail. En 1965, il est lauréat du Grand Prix de peinture du Concours artistique du Québec et en 1967, il représente le Canada aux côtés de Jack Bush à la 9e Biennale de São Paulo, au Brésil. C’est au début des années 1970 que l’artiste a droit à sa première exposition itinérante avec catalogue, au Musée du Québec (1972) et au Musée d’art contemporain de Montréal (1973). Il remporte le prix Victor‑Martyn‑Lynch‑Staunton en 1993, et en 1998, le Musée des beaux-arts de Montréal lui consacre une exposition à caractère rétrospectif intitulée Jacques Hurtubise : quatre décennies image par image. En 2000, il remporte le prix Paul-Émile-Borduas.
(Annie Lafleur)