Coloriste inimitable et promeneur passionné, attentif aux vues imprenables et aux perspectives enivrantes des paysages québécois, Marc- Aurèle Fortin a légué au public une vision à la fois intimiste et grandiose des territoires qu’il a longuement ratissés à bicyclette, peignant en plein air ou dans son atelier sur une variété de supports inusités qui se trouvaient à portée de main. Ses arbres géants aux allures de cathédrales gorgées de lumière verte, rousse ou dorée et ses vues lyriques de Charlevoix, du Saguenay, de la Gaspésie, de Montréal et des environs ont de tout temps émerveillé ses pairs. Il n’est donc pas surprenant que de superbes pages aient été écrites sur l’oeuvre prolifique de cet amoureux des paysages québécois. La vie d’anachorète et de mystique du peintre a également fait couler beaucoup d’encre, d’autant plus qu’il est resté en marge des courants modernistes, préférant approfondir son propre style et sa touche distinctive. Véritable virtuose, Fortin s’est ainsi taillé une place unique et enviable parmi les plus grands peintres paysagistes d’après-guerre.
Marc-Aurèle Fortin naît en 1888 à Sainte-Rose, en bordure de Montréal, où il passe son enfance à l’ombre d’ormes impériaux qui deviendront pour lui un sujet de prédilection durant les années 1920-1930 et qui le rendront célèbre. En 1939, il prend part à l’Exposition universelle de New York, à l’occasion de laquelle il reçoit la médaille de bronze pour son tableau March Snow. En 1942, il est élu membre associé de l’Académie royale du Canada. L’artiste aura droit à quelques rétrospectives de son vivant, notamment en 1944, au Musée du Québec, et en 1964, à la Galerie Nationale du Canada, une exposition qui partira en tournée à Montréal et à Québec. Le peintre décède en 1970 au Sanatorium de Macamic en Abitibi, aveugle et amputé des deux jambes. (A. L.)